Hell’s Paradise est un shônen manga écrit et dessiné par Yuji Kaku. Ici on va analyser une partie de l’épisode 6 de l’anime, qui offre selon moi, une exploration fascinante de la coexistence des contraires, tels que la paix et la violence, ou encore la raison et l’émotion. Mon propos se concentre surtout sur une scène clef : celle où un personnage tranche le cou d’un condamné.

La scène mentionnée est un exemple plutôt pertinent à mon sens de la juxtaposition de la paix et de la violence. D’un côté, il y a l’acte brut de trancher un cou, qui symbolise la violence. De l’autre côté, la manière dont l’acte est exécuté – avec une précision et un calme presque rituel – qui suggère une forme de paix, une acceptation du destin. Cela soulève des questions sur la nature de la violence : est-elle toujours destructrice, ou peut-elle aussi être un moyen de réaliser une forme de paix, et même de justice ?

Hell’s Paradise et la volonté de puissance de Nietzsche

Cette scène peut être interprétée à travers le prisme de la volonté de puissance de Nietzsche. La violence représente une manifestation brute de la puissance, tandis que la maîtrise de soi et la discipline requise pour effectuer l’acte de manière contrôlée reflètent une forme de puissance intérieure. Cette volonté de puissance est manifeste dans la quête des personnages pour la survie et l’affirmation de soi dans un environnement hostile. La scène du tranchage du cou, par exemple, peut être interprétée comme un acte d’affirmation extrême, où le personnage exerce son pouvoir de manière brutale pour imposer sa volonté sur un autre. Nietzsche décrit la volonté de puissance comme une force fondamentale qui motive toutes les actions humaines. Ce n’est pas la recherche du pouvoir au sens traditionnel, mais une force vitale qui pousse les individus à surmonter les obstacles, à se transcender et à se réaliser. Les personnages ne sont pas simplement bons ou mauvais ; ils sont complexes et multidimensionnels, chacun agit selon sa propre volonté de puissance. Cette complexité reflète la vision nietzschéenne d’un monde où les motivations humaines sont plus profondes que ce qu’on pourrait penser. Elles sont souvent contradictoires, et dépassent quasi-toujours les simples dichotomies morales.

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Hell’s Paradise et l’Individuation de Jung :

Du point de vue jungien, cette dualité peut être vue comme un aspect de l’individuation, le processus par lequel un individu devient une entité authentique. Cela implique la reconnaissance et l’intégration des différents aspects de la personnalité, y compris les éléments conscients et inconscients (personnels et collectifs). Dans Hell’s Paradise, les personnages sont confrontés à leurs propres ombres – les parties refoulées ou ignorées de leur psyché. Cette confrontation est importante pour leur développement personnel et peut être vue comme une forme d’individuation. Par exemple, la scène du tranchage du cou peut symboliser un affrontement avec l’ombre, où le personnage doit reconnaître et intégrer ses propres capacités violentes et agressives s’il veut réussir à s’unifier intérieurement et à aligner ses actes avec ses pensées. L’ombre, dans la psychologie jungienne, représente les aspects de la personnalité que l’individu préfère ne pas reconnaître. Dans Hell’s Paradise, les personnages sont confrontés à des situations qui les forcent à affronter ces aspects sombres, bien que cela révèle des vérités inconfortables sur eux-mêmes. La confrontation avec l’ombre est un élément essentiel de l’individuation. Elle permet aux personnages de devenir plus complets et de comprendre la dualité de leur nature. Cette prise de conscience est douloureuse mais nécessaire pour leur croissance et leur bien-être personnelle. Jung soutient l’importance d’intégrer les contraires au sein de la psyché. Dans l’épisode 6, cette intégration peut être observée dans la façon dont les personnages gèrent la tension entre la violence et la compassion, la force et la vulnérabilité, la raison et l’émotion. Au fil de l’anime, on peut observer une évolution dans les personnages à mesure qu’ils intègrent ces aspects opposés. Cette évolution est marquée par des moments de crise ou de révélation, comme la scène du tranchage du cou.

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La mise en scène des contraires

La mise en scène de ce passage particulier est notable pour son utilisation de l’ombre et de la lumière, ce qui créer un contraste qui souligne la coexistence des opposés. La scène se déroule dans un contexte où la tension est déjà à son comble, accentuée par une mise en scène sombre et oppressante. L’éclairage, les ombres et la palette de couleurs sont utilisés pour créer une atmosphère de malaise. Aussi, les personnages sont dessinés avec un souci du détail qui reflète leur complexité interne. Celui qui exécute l’acte est présenté de manière à ce que son conflit intérieur soit évident : son expression faciale et sa posture corporelle reflètent premièrement une lutte entre la répulsion et la résolution, puis une unification. La narration même de Hell’s Paradise est structurée de manière à mettre en avant ces dualités, avec un rythme qui oscille entre des moments de réflexion calme et des explosions de violence.

Le symbolisme de l’Acte

Le tranchage du cou n’est pas seulement un acte de violence, c’est aussi un symbole puissant. Dans la tradition samouraï, par exemple, un tel acte peut être vu comme un moyen d’honorer ou de libérer l’âme. Ici, cela pourrait représenter une libération de la souffrance, et un acte de justice. La scène a un impact profond sur le spectateur, en ce qu’elle provoque à la fois horreur et empathie. Elle force à réfléchir sur les motivations des personnages et sur la complexité des choix moraux dans des situations extrêmes comme celle-ci. La violence de l’acte est contrebalancée par la profondeur émotionnelle du personnage. Ce qui reflète bien la lutte intérieure entre la raison et l’émotion, et entre l’instinct de survie et les principes moraux du personnage, qui finit par réussir à accorder ses actes et ses pensées dans un moment grandiose.

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Conclusion

Cette scène du tranchage du cou dans l’épisode 6 de Hell’s Paradise est un bel exemple de la manière dont la violence et la paix peuvent coexister et se manifester dans un seul et même acte. Elle met en lumière la complexité de la condition humaine, où les actions les plus brutales peuvent avoir des motivations profondément humaines. C’est ce qu’on peut appeler la voie du milieu, voie qui accueille autant la raison que l’émotion.

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