Le mal qui vient de P. H. Castel – ce qu’il faut en retenir

Le mal qui vient est un court essai écrit par Pierre-henri Castel, vous pouvez l’acheter en cliquant ici ! Il est très intéressant en ce qu’il énonce le mal qui ne cesse de grandir aujourd’hui et la manière dont il faut que le bien change pour y faire face ! Nous vous dévoilons tout ce qu’il faut retenir dans cet article !

« Il s’écoulera moins de temps entre le dernier Homme et nous qu’entre nous et Christophe Colomb. »

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Pourquoi ?

Parce que selon l’auteur nous nous rapprochons dangereusement de la fin de l’Homme de par sa décadence ! Or le dernier Homme, à prendre au sens Nietzschéen du terme, c’est l’Homme qui sais que rien n’a de valeur et n’en peut plus de vivre dans un monderien n’a de sens. Il n’arrive plus à donner du sens lui-même et en cela il veut se venger contre le temps, contre le monde, contre lui-même.

Dans cet essai se dégage un horizon apocalyptique non religieux qui pourrait advenir dans un futur proche. Pour l’auteur, nous sommes ceux qui : « vivent les temps de la fin, avant la fin des temps. »

La certitude d’une fin des temps et ses conséquences :

Ce qu’il y a de problématique  avec la peur d’une fin des temps que l’on tiendrait pour certaine, c’est la forte probabilité que les Hommes les mieux informés et les plus « puissants » choisissent la pure malfaisance plutôt que le moyen de sauver l’humanité ou de s’entraider en vue d’un monde en commun. Pour l’auteur, notre monde devient de plus en plus Sadien[1] et de moins en moins Kantien. C’est-à-dire que le monde est de moins en moins morale et dans les bonnes mœurs.

Pourquoi cela ?

Car l’Homme a la certitude de son anéantissement à venir, puisque nous nous rapprochons de sa fin. Or cette certitude lui déclenche un déchaînement de ses passions les plus féroces ! Nous sommes, semble-t-il, dans un processus plus qu’enclenché, d’autodestruction de l’humanité ou l’Homme ne se projette plus dans un avenir commun.

La dernière inquiétude du dernier Homme sera de trouver en autrui une proie sur qui assouvir ses envies de violences et non un confrère avec qui partager des plaisirs.

[1] En référence au Marquis de Sade à qui on doit la notion de Sadisme.

Comment doit réagir le bien :

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« Le bien à venir n’aura surement rien à voir avec sa définition actuelle. Il aura des griffes. »

Cela signifie que le bien à venir doit radicalement se transformer. Il doit obtenir des crocs et des griffes ! C’est-à-dire qu’il doit travailler à se rendre inintimidable face aux derniers Hommes  qui eux, sont assoiffés de mal ! Les Hommes vertueux des temps de la fin seront armés et leur meilleure vertu sera d’avoir fort caractère ! Castel nous dit ainsi qu’un bien avec un peu de sang sur les mains aide à concevoir une vie qui s’oppose rigoureusement à la mort sans avoir besoin d’un lendemain, d’un quelque chose qui la transcende, en bref : d’un sens à lui donner.

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La pulsion de mort vient du futur :

« La pulsion de mort vient du futur ! »

L’auteur transforme la notion de pulsion de mort, et la fait différer de celle de Freud ! Chez Freud, la pulsion de mort ramène tout ce qui est animée à une sorte de passé inerte d’avant la vie ; Chez Castel, elle vient à nôtre rencontre à partir de la certitude de nôtre fin.

Le travail de la culture :

Qu’est-ce que le travail de la culture ? C’est une lente et partielle domination gagnée par le moi sur le ça. Si le processus de la culture oblige les membres d’une société au sacrifice pulsionnel et en ce sens, à une part de leur individualité, le travail de la culture va permettre à chacun en tant qu’individu particulier, de s’inventer une manière d’être qui échappe au moins partiellement au dit « sacrifice » des pulsions. Selon Freud, le processus de la culture, de par son exigence du sacrifice pulsionnel, cause la névrose, – Or le travail de la culture permet aux représentations les plus perverses d’être pleinement présentent et accompagnées de leurs densités affectives à la conscience de l’individu sans que cela ne constitue des fantasmes pathogènes. Cela permet ainsi de ne pas donner lieu à des actes compulsifs qui seraient vécus comme étant imposé par un dedans indompté.

L’individu psychanalysé :

Pour Castel, un certain progrès est possible chez l’individu du fait qu’il peut devenir capable de se confronter en toute lucidité au rapport intime qu’il entretient avec le mal. Au mieux on s’analyse, au mieux les pulsions sont sous contrôle ! Les symptômes s’assèchent et on s’approprie notre vitalité pulsionnelle. C’est-à-dire qu’on défère moins aux exigences de nôtre surmoi ! L’individu psychanalysé, plutôt que de subir ses idées et ses intentions, peut les contenir, c’est-à-dire, les endiguer[1]. En les contenants, il les inclut dans et par son fonctionnement psychique. Son acception  de la totalité de ses contradictions lui permet un esprit et une attitude saine là où le refoulement et le refus de ses pulsions les plus perverses ne feraient que créer des symptômes et des actes indésirables. Contrairement à la névrose créée par le processus de la culture, le travail de la culture chez l’individu psychanalysé n’entrave plus sa puissance de jouir et d’agir, car l’individu psychanalysé s’acceptant, son angoisse et sa culpabilité vis-à-vis de ses ressentit diminues, voir disparaissent.

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L’individu psychanalysé est alors un Homme pouvant contenir la plus grande richesse intérieure, ce qui n’est pas sans rappeler l’idéal surhumain de Nietzsche qui inclurait en lui les plus grandes contradictions !

Pour Freud, il n’y a pas vraiment de progrès de l’esprit possible dans des sociétés soumises à l’exigence de la civilisation. Pour autant, il accepte que chez certains individus, le travail de la culture permette une réelle émancipation de l’esprit !

Si chez Freud et chez Nietzsche, le « fort » ne se plaint pas et ne rend compte de sa vie à personne, puisqu’il est dans l’auto-approbation, il ne s’agit pas pour autant d’un déchainement régressif des pulsions mais bien au contraire à un haut travail de culture ! C’est ce que Nietzsche nommerait « l’affinement » des pulsions. Ce haut travail de la culture, Castel le décrit comme une : « irruption de la liberté au-dessus de la liberté commune. »

Selon Castel, c’est un individu de ce genre qui sera capable de faire face au mal qui vient, car cet individu sera inintimidable face à la tentation même du mal, puisqu’il y aura fait face en toute lucidité ! Il aura en tout cas, en Homme de bien, la volonté de répondre au mal qui vient sans tressaillir en usant du mal lui-même au besoin !

Pourquoi Castel dit-il cela ?

Et bien parce que pour lui, afin de faire face au mal qui vient, rien d’autre ne pourra s’opposer à lui qu’un autre mal, sauf que celui-ci ne sera pas la conséquence d’une surenchère ou d’un déchaînement des pulsions primaires, mais un essor !

[1] Plus précisément, les empêcher de « déborder » dans le réel.

2 types de réactions de l’Homme face à la certitude des temps de la fin :

Il y a grossièrement deux types de réactions face à la certitude des temps de la fin chez l’Homme :

1) Jouit d’une calme assurance et d’une liberté réelle (comme celle de s’autolimiter dans ses actes, même extrêmes). Il accepte le mal en lui et en cela la jouissance de nuire à autrui ne fait plus l’objet d’un refoulement mais d’un éprouvé lucide. Or, la jouissance contenue permet tout de même le plaisir de juste y penser sans éprouver d’angoisses à cet égard. De plus la tentation de la jouissance du mal est à la fois parfaitement réel et complètement indifférente voir visible.

2) S’imagine libre mais devient la proie de ses compulsions et délirant.

Comment rendre le Mal, et notamment le Mal quotidien, visible, alors qu’il s’est invisibilisé ?

Est-il possible de mettre en lumière dans les mécanismes et les opérations sociales quotidiennes même les plus inoffensives en apparences, le travail même du Mal alors qu’elles semblent s’opposer à celui-ci ? Pour Castel, Rousseau est l’un des 1ers à désigner les progrès de la civilisation, de la raison, de la liberté privée, de l’autonomie individuelle, comme le facteur décisif du malheur, autant personnel que collectif !

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C’est le travail sur lequel devrait se focaliser les philosophes d’aujourd’hui selon Castel ! Il ne dit rien de plus sur ce sujet, alors les philosophes, au travail !

Sur la violence :

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Les individus se voient dépouillés de leurs violences, notamment physique, au profit d’entités de plus en plus abstraites censé en détenir le monopole légitime comme par exemple les Etats de droits modernes.  

« La violence n’a de place tolérable que si elle demeure jusqu’au bout le moyen d’un appel à la raison qui lui donne un sens. »

Le fait est que cette mise à distance de la violence n’est pas forcément bonne pour l’Homme. On a une perte d’émotion, et la réparation du préjudice se fait frustrante. D’un coté, l’Homme qui subit l’injustice perd le pouvoir de son action. De l’autre coté, l’Homme qui fait l’injustice ne se voit plus touché, ni physiquement, ni même émotionnellement du fait de la distance mise entre lui et celui qu’il agresse. Ce qui est un réel problème dont nous parlerons dans un article sur G. Anders.

Notre citation favorite à retenir :

« Travailler à se rendre inintimidable, voilà le vrai travail de la culture ».

C’est en se rendant inintimidable que l’on pourra contrer le Mal qui vient. Il faudra un recours froid, ferme et réfléchi à la violence contre ceux qui jouissent et se réjouissent en précipitant la fin de tous sans leur consentement ! Ou plus précisément sans leur consentement conscient, puisque par leurs consommations à outrances, ils acceptent inconsciemment le contrat de la fin de l’Homme programmée

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