« Morty : ça devient un peu trop méta Rick.
Rick : La ferme Morty t’as 14 ans, tu regardes des vidéos YouTube de types qui se filment en train de regarder des vidéos YouTube, c’est moi qui dirais quand ça devient trop méta ! »
L’échange entre Morty et Rick dans l’épisode 6 de la saison 4 de « Rick et Morty » illustre parfaitement la complexité de notre rapport aux médias et à la consommation de contenus dans la société contemporaine !
Méta-réflexion avec Rick et Morty
À travers ce dialogue, les créateurs de la série plongent dans une critique incisive de la nature auto-référentielle de la culture populaire actuelle, où la consommation de contenu ne se limite plus à l’œuvre originale mais s’étend à une infinité de méta-commentaires sur cette même œuvre. Cette mise en abyme, que Rick attribue à l’activité de Morty, reflète une critique nietzschéenne de la superficialité et de l’absence de substance dans la société moderne, où l’apparence remplace l’authentique.
Cette scène peut être interprétée comme une critique de l’obsolescence de l’homme face à la prolifération technologique et à la surabondance des images. Nous vivons dans un monde où l’homme devient secondaire, un simple spectateur de sa propre vie médiatisée, où l’expérience directe est remplacée par une expérience vécue à travers les écrans. La remarque de Rick met en lumière l’absurdité de cette situation, où la méta-passivité, devient une fin en soi, détachée de toute expérience authentique, de toute symbolique et de tout sens.
L’obsession pour le méta-commentaire révèle une fuite devant l’introspection et la confrontation avec le soi véritable. Ce comportement montre une tentative désespérée de trouver un sens, une quête vouée à l’échec car elle s’éloigne de plus en plus de l’individuation, le processus par lequel un individu devient psychologiquement séparé du collectif pour réaliser sa propre unicité.
La surconsommation des médias et la méta-passivité servent à la fois de symptôme et de mécanisme de défense contre la vacuité existentielle. À travers les yeux de Rick, nous sommes invités à remettre en question non seulement la manière dont nous consommons les médias, mais aussi comment cette consommation reflète notre propre éloignement de nous-même. Il y a une distanciation entre nous, et nous !
Le sujet devient un simple miroir d’un miroir, perdant tout contact avec le réel et l’immédiateté de l’expérience, et donc, avec la vie.
On peut y voir une expression de la pulsion de mort, Thanatos, à l’œuvre dans notre désir de nous perdre dans une passivité sans fin qui nous éloigne de la vie et de ses impulsions créatrices (Eros), pour reprendre le vocabulaire Freudien.
Nous sommes devenus, pour le dire autrement, des spectateurs de spectateur ! Il nous faut redevenir des acteurs ! En regardant Rick sermonner Morty, nous devrions ressentir une pointe de honte, car ce n’est pas seulement Morty qui est critiqué, mais chacun de nous. Notre monde est celui où le méta devient la mesure de toute chose, où la réflexion profonde est échangée contre le spectacle, le divertissement coûte que coûte.
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