Dragon Ball est le manga qui m’a donné le goût de la lecture. Enfant je n’aimais pas lire, et ma seule porte d’entrée, mon seul lien avec la lecture, c’était les mangas, et plus particulièrement Dragon Ball, que ma mère m’achetait en se disant que c’était au moins ça, et toujours mieux que les jeux vidéo. Et elle a bien eu raison ! Et puis Sangoku a grandi, on est passé de Dragon Ball à Dragon Ball Z, – sa version adulte était la figure paternelle que j’idéalisais, j’ai grandi avec sa morale ! Voilà pourquoi je souhaite rendre hommage et remercier M. Toriyama, car son personnage et ses aventures ont forgé une partie de ce que je suis. Je me rappelle encore à quel point j’étais fier en chantant « dan dan kokoro hikareteku » …

Sangoku, à travers ses transformations incessantes et sa quête de puissance, semble incarner une forme de dépassement de soi qui résonne avec le surhumain de Nietzsche. Voici la question à laquelle nous allons tenter de répondre pour rendre hommage à M. Toriyama : Comment Sangoku, un héros de fiction, peut-il illustrer le concept du surhumain ?

D’un côté, on pourrait avancer que Sangoku, en transcendant ses limites physiques notamment, incarne l’idéal nietzschéen. Il représente la volonté de puissance, l’aspiration à dépasser l’humanité ordinaire, notamment avec sa transformation en super Saiyan. D’un autre côté, on pourrait soutenir que Sangoku, en restant fidèle à des valeurs morales universelles et en agissant pour le bien commun, s’éloigne du surhumain nietzschéen, lequel rejette les valeurs traditionnelles et morales. Mais nous verrons que c’est faire une lecture trop superficielle de Nietzsche que de penser cela !

Sangoku comme figure du Surhumain Nietzschéen

Nietzsche, dans son œuvre « Ainsi parlait Zarathoustra », introduit l’idée du surhumain, une figure qui transcende les valeurs morales conventionnelles et les limites humaines, en faveur de la création, en faveur de la vie, et du plein épanouissement de l’être humain. C’est pourquoi il dit : « L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. Qu’avez-vous fait pour le surmonter ? […] ce que doit être l’homme pour le surhomme : une dérision ou une honte douloureuse. »[1] Il faut donc toujours chercher à dépasser notre condition actuelle, à faire mieux. Or, c’est bien la manière d’être de Sangoku : se dépasser constamment et faire mieux !

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Le surhumain de Nietzsche est caractérisé par sa volonté de puissance, qu’il écoute et qu’il suit, et Sangoku, à travers ses nombreuses batailles, suit cette volonté. A savoir que « La vie elle-même est volonté de puissance. »[2] et qu’ainsi elle est volonté de vie. On voit dans tous les actes de Sangoku une volonté de vie, à ne pas forcément prendre comme volonté de conservation (il se sacrifie plusieurs fois au nom de l’humanité et de ses proches), qui n’est qu’une conséquence indirecte[3] selon Nietzsche. Chaque adversaire qu’il affronte, chaque nouvelle limite qu’il dépasse, est une manifestation de cette volonté de puissance. Par exemple, sa transformation en Super Saiyan n’est pas seulement un changement physique, elle symbolise aussi un dépassement de soi, une rupture avec l’homme, une transcendance. « L’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhomme, – une corde sur l’abîme. […] Ce qu’il y a de grand dans l’homme, c’est qu’il est un pont et non un but : ce que l’on peut aimer en l’homme, c’est qu’il est un passage et un déclin. »[4] or c’est bien cela le super-guerrier qu’est la transformation en super Saiyan, c’est le passage de l’humain vers le surhumain ! (Bon on m’objectera que Goku n’est justement pas un être humain mais un individu de la race des Saiyan, mais l’important ici est de le prendre au sens métaphorique à mon avis)

Plus encore, le surhumain de Nietzsche n’est pas simplement un individu doté de capacités extraordinaires, mais plutôt un créateur, remettant en question les normes établies afin d’être certain de leur valeur. Cette valeur-ci est-elle bonne ? Et bien je la garde. Elle comporte quelques points qui ne sont pas en accord avec les valeurs que je veux pour moi ? Et bien je la modifie. Elle n’est pas du tout en accord avec mes valeurs, ni avec la vie ? Et bien je la rejette. Or Sangoku, dans son voyage, ne se contente pas de devenir plus fort, il redéfinit constamment ce que signifie être un guerrier. Ses actions et sa détermination inspirent ceux qui l’entourent, créant ainsi un nouvel idéal de force et de persévérance !

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Le surhumain représente une aspiration, un idéal vers lequel tendre. De la même manière, Sangoku n’est jamais un personnage statique ; il est en constante évolution, et cherche constamment à se surpasser. Cette aspiration incessante est en parfaite harmonie avec l’esprit du surhumain nietzschéen.

Sangoku et le Surhumain, une divergence ?

Bien que Sangoku puisse paraître comme étant une incarnation du surhumain, Nietzsche, dans sa conceptualisation du surhumain, envisage un être qui transcende les valeurs morales et éthiques traditionnelles, forgeant son propre chemin en dehors des conventions sociales. Ce concept semble donc en désaccord avec le personnage de Sangoku, dont les actions et motivations sont profondément enracinées dans des principes moraux universels telles que la bonté, la gentillesse, la bienveillance etc. C’est du moins ce qu’on pourrait dire avec une lecture superficielle de Nietzsche.

En réalité, si vos valeurs sont conformes à celles de la société, ce n’est pas forcément un mal, tant que vous vous les êtes réappropriés. Pour Nietzsche, il n’y a pas toujours besoin d’une opposition radicale avec les valeurs de la société, il faut juste que les valeurs viennent de vous, ou que vous les vouliez pour vous, et qu’elles soient en faveur de la vie. En ce sens, toutes les actions de Sangoku, même si elles suivent certaines conventions « universelles », ne sont pas pour autant anti-surhumain. Sangoku influence et inspire les personnages qui l’entourent, il créer, je le répète, un nouvel idéal héroïque, qui intègre la force personnelle et la responsabilité sociale. Il n’attend pas l’approbation des autres, il agit selon ses propres valeurs ! Ainsi, plutôt que de voir le surhumain comme un rejet strict des valeurs morales traditionnelles, il nous faut en fait l’envisager comme une invitation à dépasser les limites tout en restant conscient des implications morales et sociales de nos actions, qu’est-ce donc que l’éternel retour si ce n’est sentir le poids de la responsabilité de nos actes ?

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Qu’en pensez-vous ? Sangoku est-il un surhumain nietzschéen, ou l’expression de la morale kantienne ? Dites-le moi en commentaire !

Merci encore pour tout M. Toriyama ! Que votre paix soit durable.

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    [1] NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, Prologue, §3.

    [2] NIETZSCHE, Par-delà bien et mal, chapitre 1er, Les préjugés des philosophes, §13.

    [3] Ibid.

    [4] NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra, Prologue, §4.

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